Etre vraiment soi même ?

Etre vraiment soi même ?

Être vrai? Être faux?

Qu’est ce que c’est être soi ? être authentique ? Quelle est ma VRAIE personnalité ? Peut-on être franc en toute occasion ? Voilà des questions que tout le monde se pose un jour ou l’autre.

Commençons par l’enfance : au départ, quand les choses se passent bien, les adultes sont attentifs et la qualité des soins va renforcer chez l’enfant son sentiment d’être lui même, d’être autorisé à avoir des désirs propres.

Mais bien sûr l’enfant n’est pas seul au monde. Il vit dans une famille, a des frères et sœurs, les adultes doivent travailler, le budget n’est pas illimité, la famille est insérée dans un groupe plus large… Bref les désirs, pulsions, exigences… de l’enfant ne peuvent pas prendre toute la place et vont être canalisées par l’entourage. Ainsi, le petit va progressivement se socialiser. Il apprend à être poli. Le polissage d’un morceau de bois, c’est enlever les aspérités qui peuvent blesser. Cela ne change pas la nature du bois.

Puis vient le grand remue ménage de l’adolescence : le moment où le jeune se différencie et s’interroge tous azimuts : finalement c’est vrai ce qu’on m’a dit ? Qu’est-ce que l’amour ? C’est quoi être un homme, une femme…. on fait le tri dans ce que les adultes nous ont enseignés. Il y a des choses que l’on garde et d’autres pas et peu à peu se précise qui on est, quelle place on souhaite prendre dans le monde. Ainsi nous construisons notre personnalité intime… et notre personnalité sociale, celle où la limitation des nos pulsions nous permet de vivre en société, de nous intégrer à l’école, au travail, etc…

Il y a une part d’arbitraire dans notre personnalité sociale, rien n’est écrit dans nos gènes tout est fonction de la culture dans laquelle nous vivons. Un comportement sera considéré comme normal ici et grossier ailleurs.
Nous déféquons dans l’intimité et mangeons ensemble et non l’inverse comme le suggère malicieusement Bunuel dans une scène surréaliste du Fantôme de la liberté

Nous voilà donc, intégré dans notre culture, avec une personnalité construite de bric et de broc, de notre éducation, des rencontres, des événements…. Une personnalité qui n’est pas un bloc de béton intangible: c’est à dire que nous nous demandons tous- ici ou là – si nous sommes authentiques. Ces sentiments d’être vrai, d’être faux varient en nous, nous questionnent, nous taraudent… Comme les autres questions de notre vie.

Mais parfois les choses sont plus compliquées. Reprenons à l’enfance : Il arrive que les parents ne supportent pas que l’enfant puisse être triste ou qu’ils le poussent à la perfection « pour son bien », ou pour qu’il réalise ce que EUX n’ont pas pu mener à bien. L’enfant va alors avant tout répondre aux attentes des adultes envers et contre ses désirs propres… qui s’effacent peu à peu.

Dans un environnement très peu à l’écoute de ses désirs ou très oppressant, voire maltraitant, l’enfant fait tout pour éviter le rejet, pour chercher l’amour de ses parents ou pour les protéger car il pressent qu’ils vont mal… il va faire semblant d’aller bien et être tout sourire.

Dans ces cas, l’enfant va se construire une fausse personnalité, un faux self self – un concept développé par Winnicott. Ce faux-self va protéger son noyau authentique mais risque aussi de prendre toute la place. Le vrai soi va se racrapoter et un déguisement va faire fonction de personnalité.

Que se passe-t-il alors ? On peut très bien vivre ainsi masqué avec d’autres qui sont également masqués. De tous temps des personnes ont renoncé à leur personnalité pour s’adapter aux attentes de l’entourage ou à l’humeur dominante du moment : prude et rigide du temps de Freud, hyper séduisants aujourd’hui. Nous avons tous rencontré ces hommes et femmes dont le vide, le besoin d’être raccord, l’impossibilité d’être réellement en relation, nous semblait mal maquillé par de grands sourires et des phrases toutes faites.

Mais il arrive que de retour chez elles, ces personnes, épuisées d’avoir brassé l’air, retrouvent leur décalage, leur tristesse et se demandent Qui suis-je ? Où donc est ma vie ? Et maintenant, je fais quoi ?
Questions salutaires.

L’éco-anxiété

L’éco-anxiété

On parle beaucoup d’éco-anxiété. Que penser de ce concept ?

La peur, l’effroi, l’anxiété, l’angoisse… Oui, l’angoisse… les psychanalystes peuvent en parler des heures.
Essayons d’être concrets.
Il y a d’une part l’angoisse automatique, qui est là, sans la présence d’un danger réel. Parfois sans savoir pourquoi, nous avons tous senti poindre à un moment ou un autre une « bouffée » d’angoisse. C’est là, puis cela disparaît. Certaines personnes en sont submergées et consultent pour cette raison.
Laissons ce point-là – l’angoisse automatique – de côté.
D’autre part, il y a l’angoisse devant un danger réel. Ce n’est pas dans notre tête que le loup se trouve, il est réellement là devant nous.
Si l’on pense aux questions climatiques et environnementales, on peut se dire qu’il y a un vrai danger. Certes, il y a encore l’un ou l’autre climato-sceptique – il y aura toujours des personnes dans le déni, mais les travaux du GIEC, effectués depuis des dizaines d’années font l’objet d’un consensus scientifique et nous détaillent avec précision l’arrivée d’un danger réel, danger qui est déjà partiellement là.
Il y a donc une très bonne raison d’être angoissés.
Mais alors que faire ? Voyons un moment l’intensité de -L’angoisse.
Parfois cette angoisse est tellement présente qu’elle fait suffoquer, qu’elle paralyse. Il est possible qu’elle soit liée à des événements de notre histoire. Qui se réveillent – pourrait-on dire. Dans ce cas, cela vaut la peine de consulter pour retrouver ces liens et sortir de l’inhibition. D’autant que le sentiment d’impuissance augmente l’angoisse.
Moins forte, l’angoisse est donc bien justifiée et ne nécessite bien sûr pas de consulter un psy, elle peut au contraire nous aiguillonner pour agir. Et c’est l’occasion de rappeler que l’action de groupe offre à la fois l’intérêt de sortir d’un isolement – lui aussi source d’angoisse, mais aussi de confronter avis, propositions, créativité…
Les groupes qui ont une certaine hétérogénéité – où il y a débat – nous apportent toujours plus que les groupuscules à la pensée unique, certains de détenir LA vérité.
Voilà donc pourquoi un certain militantisme est bon pour le climat… et pour la santé mentale. Quand je dis « Un certain militantisme » c’est pour être attentif à ne pas tomber dans l’hyperactivité – risque bien connu pour le militant. Car il faut garder à l’esprit que l’hyper activité est toujours une manière de s’éloigner de soi-même, au risque alors de se perdre en chemin.

Changer son partenaire ou changer de partenaire?

Changer son partenaire ou changer de partenaire?

Il est fréquent de se dire Oh notre couple serait tellement mieux si il ou elle changeait ceci ou cela.
Et on se pose la question : Comment faire pour le changer, pour la changer? Ou vaut-il mieux penser séparation ?

Avant tout disons que parfois des événements de la vie peuvent changer quelqu’un. Un deuil, un accident, une maladie, une catastrophe…
Mais si on se demande Comment changer l’autre ? Je vais vous décevoir. Réponse courte avant de déplier : on ne peut jamais changer l’autre. Il n’y a que lui qui peut se changer. Il n’y a que nous qui puissions nous changer nous-même, ce qui a d’ailleurs souvent des effets sur les autres.
//- Essayons d’aller plus loin. La sagesse populaire dit que l’amour rend aveugle. l’un à l’autre Disons plutôt que la passion, les débuts de l’amour nous aveuglent ; l’autre est idéalisé. C’est aussi pourquoi les proches nous avertissent : ne t’emballe pas…
//-Si la relation amoureuse se poursuit, les yeux s’ouvrent et on se rend compte que l’autre n’est pas aussi idéal qu’on l’imaginait. L’autre est un autre, il n’est pas pareil à nous, certains de ses travers nous font sourire, d’autres nous irritent, nous dérangent… En lui parlant, il changera peut-être l’une ou l’autre chose et nous aussi changerons quelque peu. Ce temps d’ajustement ressemble à celui de deux instruments de musique qui doivent s’accorder.
//- Parfois cela ne VOUS suffit pas. Son défaut vous pose vraiment problème.
Petite question ? Vous avez déjà rencontré cette insatisfaction avec quelqu’un d’autre ? Vous avez le sentiment de toujours tomber sur le même type de personne ? Là… cela mériterait d’y réfléchir, de penser aux petits signaux d’alerte que vous avez perçu au début mais auxquels vous n’avez pas prêté attention. Une fois encore peu-être.

Mais si votre partenaire est franchement « problématique » , par exemple violent ou alcoolique, n’espérez surtout pas de le changer, la guérir, le sauver… réussir là où d’autres ont échoué. Vous aller vous épuiser, sans même réussir.
Il n’y a qu’une solution : prendre ses jambes à son cou et filer ! Et parfois demander de l’aide pour y parvenir.

Il n’y a pas d’adulte, il n’y a que des enfants.

Il n’y a pas d’adulte, il n’y a que des enfants.

C’est l’histoire d’un homme très puissant, d’un président, relativement âgé. Il tombe malade et du coup ne peut pas se présenter à l’élection.
Il n’est donc plus président mais reste un homme très important.
Il sent son âge avancer, il repense à sa vie et se prend l’envie de poser des questions à des personnes qui connaissent bien l’âme humaine.
[GENERIQUE]

Il va voir le cardinal qui est également un homme fort âgé et lui demande : qu’avez-vous retenu de tout ce que vous avez vu et entendu au cours de votre vie ?
– Il n’y a pas d’adultes, il n’y a que des enfants, répond le prélat
– C’est à dire ?
-« Si vous ne comprenez pas aujourd’hui, vous ne comprendrez pas demain. Mais est-ce grave ? »
Fin de l’entretien

Insatisfait, notre Président va voir le grand rabbin avec la même question
Le rabbin caresse sa barbe – Non ! C’est une rabbin, elle se passe le main dans les cheveux – avant de répondre ; « Il n’y a pas d’adultes, il n’y a que des enfants »
– Mais encore ?
– L’inverse est vrai aussi, « Il n’y a que des enfants, il n’y a pas d’adulte »
Et le voilà congédié

Notre président n’est pas habitué à de telles énigmes va voir l’imam de la grande mosquée, toujours avec la même question. « Vous qui avez entendu tant de gens qui sont venu vous présenter leurs problèmes, leurs questions, leur intimité… qu’avez-vous retenu ? »
Après un long silence, l’imam dit: « Il n’y a pas d’adultes, il n’y a que des enfants. »
– Je ne comprends pas
– La lumière est en vous, ajoute l’imam
Et voilà notre président, une fois encore, dehors

Il s’assied sur un banc, la lumière est belle, les sons s’assourdissent, il s’assoupit un moment. A son réveil, il se rappelle d’un cours de terminale durant lequel le prof avait parlé de Freud et conclu son cours en disant : « Si nous ne les éclairons pas, les vécus de notre enfance resteront à jamais les moteurs souterrains de nos actes ». Là, la phrase lui revient tout à coup en mémoire.

Suite à quoi… Suite à quoi ? Il y a trois fins à l’histoire

• Première fin : Le Président se dit : « Oh Freud ce vieux truc moisi ». D’un mouvement de la main, il balaye l’idée et se dirige vers un restaurant dont il raffole des fruits de mer.

• Seconde fin : Le président sent un immense craquement en lui, n’a plus le temps de penser quoi que ce soit : il s’écroule sujet à une attaque.

• Troisième fin : Il n’est jamais trop tard, se dit le Président, reprenant sa promenade.

Je vous laisse choisir la fin et poursuivre l’histoire dans les commentaires.

Pourrais-je devenir tortionnaire ?

Pourrais-je devenir tortionnaire ?

Nous avons tous entendu parler des tortures, viols, meurtres… dans l’Allemagne nazie, en ex-yougoslavie, au Rwanda, en Ukraine…
Et nous nous sommes demandé Comment est-ce possible ? Est-ce que moi aussi je pourrais basculer là dedans ? Devenir tortionnaire ?
[GENERIQUE]
Je ne vais pas parler des personnalités extrêmes, des sadiques, des pervers mais plutôt essayer de comprendre comment des « braves gens », des gens comme vous et moi, peuvent en arriver à assassiner leur voisin, des enfants, des civils ?
Si l’on y pense bien, nous avons tous eu envie un jour ou l’autre de voler un baiser, de chaparder dans un magasin, de taper dans la carrosserie de notre voisin bruyant, d’égorger notre patron… Et nous ne le faisons pas.
Nous avons tous vu ces enfants insupportables qui veulent tout tout de suite. Nous avons été ces enfants là. Mais nous avons été civilisés par nos parents, par l’école, par ce que nous avons appris des générations antérieures, par le climat social…
L’animal sauvage a été domestiqué. Nos pulsions se sont canalisées.
Mais l’équilibre est fragile et il nous arrive de devoir nous retenir pour ne pas « faire un malheur ». Pour de nombreux actes, nous hésitons, il y a un dialogue, un débat, parfois un conflit entre les différentes parties qui sont en nous. Que faire ? Quelle décision prendre, en fonction de mes désirs tout en sachant que je ne suis pas seul au monde ?
Eh oui, il me faut bien vivre AVEC les autres et les autres peuvent avoir un avis AUTRE.
Ah, les autres…
Justement, nous pouvons faire un parallèle entre notre fonctionnement intérieur et notre fonctionnement social.
Un environnement démocratique supporte, organise une conflictualité entre une pluralité de tendances, entre différents partis, entre les multiples divisions du corps social.
Pour aboutir à une décision, à un acte, toute une série d’étapes, de discussions, de débats sont nécessaires : des propositions de lois sont discutées, amendées avant d’être votées et mises en œuvre…
Cette conflictualité sociale correspond et nourrit notre conflictualité intérieure. On pourrait dire que plus une société est démocratique, plus elle soutient les débats intérieurs de ses citoyens et les aide à ne pas être aux prises avec leurs pulsions.
A l’inverse, un régime totalitaire avec son chef ou son parti unique va directement du despote à l’acte. Sans débats, sans étapes intermédiaires. Pas d’autre parti, pas de séparation des pouvoirs, pas de presse libre, pas de manifestation. Fini les controverses sociales, scientifique , artistiques. La mémoire est oblitérée, l’histoire nationale falsifiée. Rien à voir, circulez ! Pire, le Mal peut être déclaré Bien.
Alors, privées de stimulations, nos médiations intérieures s’appauvrissent, notre appareil psychique devient inerte, et les pulsions se déchaînent.
L’homme devient pulsionnel d’autant plus qu’il est apprécié quand s’abandonne à ses pulsions de destruction. On a pu voir Poutine décorer décorer la brigade responsable des cruautés à Boucha,
Ce mouvement est accéléré par la présence d’un chef charismatique et un climat saturée d’affectivité où il y a NOUS, les bons, les purs, les vrais hommes… contre les mauvais qui selon le récit sont les juifs, les musulmans, les ukrainiens, les étrangers, les dégénérés…
A cela, s’ajoute les réseaux sociaux où se déversent venins et fake news… Du kérosène sur le feu.
Ce qui relevait du conflit interne au sein de chacun et, en parallèle au sein d’une société démocratique s’externalise. L’ennemi est à l’extérieur et ce qui était conflit intérieur devient guerre, jouissance de haine.
Le sentiment de culpabilité, relégué dans les profondeurs, ronge en silence pour n’émerger parfois que bien des années ou générations plus tard.
Une fois que l’on a pu comprendre le parallèle entre notre fonctionnement psychique et celui d’une société démocratique, on comprend mieux à quel point ce fonctionnement est fragile et pourquoi il dépend de chaque citoyen de le préserver, de se refuser à laisser parler sa haine à haute voix.
Mais cela laisse aussi entrevoir les dangers d’une société ultralibérale dans laquelle il est également question d’oppression. J’en parlerai dans une autre vidéo.

 

Cette vidéo est largement inspirée du livre de Guy Laval « Bourreaux ordinaires » (PUF, Paris, 2002),  dont on trouve un résumé en libre accès dans l’article « Psychanalyse du meurtre totalitaire » – Guy Laval (Cahiers de psychologie clinique 2004/1 (n° 22), pages 71 à 97)

 

L’éducation sexuelle à l’école

L’éducation sexuelle à l’école

Il arrive que des parents soient en désaccord avec l’éducation sexuelle à l’école. Qui est accusée d’aller trop loin, de pousser à « Se questionner sur son identité de genre », d’encourager au sexe, etc…
Et ces parents sont accusés d’être réac, ce qui est une manière de stopper toute discussion.
Essayons de l’ouvrir, la discussion.

Disons tout d’abord que ce n’est pas une bonne idée que les parents se mêlent trop de ce qui se passe à l’école. Parce que en déléguant une partie de l’éducation de leurs enfants, ils doivent accepter de laisser la communauté éducative faire son travail. Les enfants ne seront pas toujours dans l’univers clos du foyer familial, ils seront amenés tôt ou tard à rencontrer le rugueux du monde.
Ensuite, les parents ne sont pas nécessairement les mieux placés pour faire l’éducation sexuelle de leurs enfants. Ceux-ci peuvent être troublés d’entendre le remue ménage dans la chambre conjugale ou penser à leur conception… Quant aux parents, il ont parfois un attachement tel à leurs « petits poussins » qu’ils n’imaginent pas qu’un jour ceux-ci feront des galipettes.
Du temps des familles élargies, les enfants pouvaient s’adresser à un oncle, une tante, un adulte proche et bienveillant. Époque révolue… Du coup, l’État a endossé ce rôle et c’est très bien comme cela.

Mais la grande spécialité de l’État, c’est d’organiser l’équité, donc le même traitement pour tout le monde. Et ici, ça pose de fameux problèmes. D’autant que les experts chargés de ces programmes veulent tout embrasser.
Et nous nous retrouvons alors avec deux difficultés.

Première difficulté : les militants actuels proposent une nouvelle version de ce qu’il faudrait dire et faire dans les écoles. Et cela donne des résultats assez décoiffants.
Exemple : Dès 5 ans : « Prendre conscience que son identité de genre peut être identique ou différente, se rapprocher, s’éloigner, correspondre, ne pas correspondre, différer, osciller, … de celle assignée à la naissance »

En voici une autre exemple  : Dès 9 ans : « Accepter les changements et différences physiques (morphologies, diverses formes et tailles du pénis, des seins, de la vulve, changements volontaires liés à l’identité de genre, etc.) »

On est dans le registre idéologique. Le même qu’à une autre époque – ou dans d’autres lieux quand la norme est d’arriver vierge au mariage, par exemple. Face à ces velléités normatives, les parents crient, la ministre examine le rapport de force électoral et cède. Un peu, beaucoup, ou pas du tout.

Le second problème me préoccupe nettement plus. C’est celui d’imaginer – quoi qu’on s’en défende – une exhaustivité de la matière.
Les enfants et adolescents s’interrogent et vont donc sur les sites pornographiques. Et bien sûr, ils n’y trouvent pas grand-chose comme réponses. Connaître toutes les pratiques, dans ses moindres détails, n’aide en rien. De même, donner aux animateurs un guide de plusieurs centaines de page comporte le message implicite – ou inconscient – que vis à vis de sexualité, il y aurait moyen de tout baliser, de tout savoir et qu’il faudrait tout apprendre, tout expliquer. Une totalité très adolescentaire finalement. Voilà une fausse route sur laquelle les éducateurs sont lancés.
Car finalement, que souhaitons-nous comme éducation affective et sexuelle pour nos enfants ? Oui, bien sûr quelques informations pratiques… mais surtout leur permettre de rencontrer des adultes qui peuvent être questionnés sans tabou et témoigner de leur capacité à vivre avec des réponses pleines de trous et de mystères.
Franchement, vous en avez compris quelque chose à votre vie affective et sexuelle ? Et quand vous vous êtes plantés, vous vous en êtes sortis comment ? Combien de fois avez-vous répété de mauvais choix amoureux ? On peut en parler ? Vous avez un mode d’emploi ? Qu’est ce qui vous a aidé quand vous pensiez que votre oreiller était votre seul ami?

En manière de sexualité, ou de vie d’ailleurs, on peut se rappeler la proposition du poète : la réponse est le malheur de la question. Il importe plus de savoir écouter et accompagner les questions que d’y répondre. Certains éducateurs le font, on pourrait leur donner plus de place.

 

Le guide d’où sont tirés les deux exemples est le guide EVRASS –  Avril 2022 mais le propos est nettement plus général.

MAJ Septembre 2023: GUIDE POUR L’EVRAS – BALISES ET APPRENTISSAGES  Version 2023 Numéros de dépot : D/2023/15675/01 et D/2023/12700/2

 

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