Le 3 mars 2016, à l’initiative du Figaro, Fabrice Luchini répondait à la question du public. Quelqu’un lui demanda « Que pensez-vous de la psychanalyse ? »
– Oh, je ne suis pas mauvais dans ce domaine-là. Comme dirait Woody Allen “ça fait quarante-et-un ans, ça va un peu mieux”. Alors, je vais vous répondre sérieusement. La psychanalyse ne fait aucun miracle, si vous êtes médiocre, mesquin, médiocre, libidinal, ça ne changera pas grand-chose. Ça ne change pas, il n’y a pas de transcendance dans la psychanalyse, ce n’est pas…, ce n’est pas christique la psychanalyse. La psychanalyse a une vertu, elle vous rend plus… praticable pour les autres, parce que vous transférez toutes vos angoisses sur un monsieur qui est payé pour écouter et, à un moment, vous faites un travail sur vous-même et vous arrêtez d’utiliser l’autre en le manipulant pour être un spectateur enfermé et prisonnier. Vous découvrez le miracle de Lévinas, c’est que l’autre n’est pas là pour vous aimer ou pour être subjectivisé par vous, il est là en tant que lui. L’hystérique, le séducteur, l’homme de parole, l’homme de théâtre, l’homme politique, ont un don pour avoir un pouvoir sur les gens. Et les gens en sont réduits à être des oreilles. La psychanalyse fait que tu commences à te débarrasser de toutes ces grosses névroses manipulatrices, et l’autre t’apparaît tel qu’il est, et t’essayes de le…, de l’embêter le moins possible. Pour moi, ça a été une école d’altérité. Avant, j’étais un personnage qui prenait…, alors, allez-vous dire, c’est pareil ; oui, je prends beaucoup de place, mais là c’est normal. Mais je ne suis pas comme ça toute la journée. Quand je rentre chez moi, je suis complètement normal, je regarde C dans l’air à six heures moins dix, je fais le petit potage, je promène ma chienne. Les gens disent “vous n’êtes jamais dans les journaux people”, mais qu’est-ce que la vie de Fabrice Luchini aurait envie de donner rêver ? Il passe son temps avec sa chienne, il marche, il regarde C dans l’air et il écoute Bach. Donc, en un mot, la psychanalyse n’est pas miraculeuse, et elle permet de…, d’alléger la folie embarrassante et de devenir plus adulte, plus responsable, et d’avoir des rapports plus attentifs aux autres, car l’autre n’est plus réduit à être un objet de convoitise.
Dans la série « En thérapie », le Docteur Dayan dit ne pas prendre de notes:
– 10:30 : – En séance, etc… – vous ne prenez jamais de note ?
-Jamais, non
– Ah ben c’est curieux, ça…
Est-ce que c’est si curieux ?
Pourquoi, je ne prends pas de notes ou quasi pas de notes et que beaucoup de collègues font de même ? Il y a deux raisons
D’une part, la mémoire nécessaire à notre travail n’est pas séquentielle ni même organisée mais bien « flottante », et un élément significatif de l’histoire de mon patient reviendra à point nommé au détour d’une séance. C’est bien une des choses que l’on apprend au cours de notre (longue) formation : écouter de manière très particulière avec un cerveau qui n’a rien d’un disque dur.
La seconde raison réside dans une règle très simple, condition de possibilité de notre travail : « Tout ce qui se dit ici reste ici ».
S’il nous arrive donc de prendre note, ce sera tout au plus sur du papier avec un crayon et d’une écriture suffisamment indéchiffrable pour que le propos reste secret.
Mais certains voudraient voir les choses changer et les pressions se font multiples pour que les psy tiennent des dossiers, des dossiers informatisés.
Et là, nous avons un vrai problème. Tout simplement parce que toute donnée qui se trouve sur un serveur sera un jour publique. et cela pour trois raisons.
Tout d’abord, il y a les cyberattaques. Plus de 1.000 intrusions l’an dernier en France. Et là, que le service hospitalier paye ou non la rançon, les données sont dans la nature.
Second problème : les hôpitaux vendent nos données à des firmes commerciales en les anonymisant. Mais les chercheurs ont pu montrer que l’anonymisation des données était un leurre.
Troisième problème : nous assistons à une concentration des données dans ce que l’on appele « les nuages » où elles sont « sois-disant » anonymisées et de plus soumises aux bugs et indiscrétions. les exemples ne manquent pas. Ces données sont rassemblées parfois dans des entreprises peu connues du grand public ou chez les ténors du secteur : Azure de Microsoft ou Nightingale de Google, Amazon Web Services ou Apple etc.
Et que disent les responsables, prenons par exemple le vice-président du Health Data Hub français : « Donner son sang, c’est aider son prochain ; il en est de même du partage de ses données de santé. Les partager à son équipe soignante, c’est être mieux soigné ; les partager pour tous, c’est permettre que l’ensemble de nos concitoyens le soient aussi. »
Alors moi, je n’ai pas d’objection à ce que mon groupe sanguin soit public ni les radios de mon bras cassé. Mais qu’en est-il de ma séropositivité VIH ? De l’IVG pratiquée à l’insu de mes parents ? De la tentative de suicide lors de mon adolescence ? De la dépression survenue quand j’ai perdu mon boulot… Vous imaginez toutes données bientôt à l’air libre elles aussi ?
C’est inacceptable.
Voilà pourquoi j’invite mes collègues à entrer en résistance et à se refuser à toute informatisation de ce qui relève du domaine de la santé mentale. Personne n’a même besoin de savoir que Monsieur Dupont est un jour venu me voir.
Voilà pourquoi les patients ne doivent pas consentir à des dossiers informatisés dans les domaines qui relèvent de leur intimité.
Voilà aussi pourquoi la gestion des données personnelles en matière de santé doit faire l’objet d’un débat nettement plus public et éclairé qu’il ne l’est actuellement.
Les personnes qui suivent ou ont suivi un traitement par un psychologue ont parfois plus de mal à obtenir une assurance ou doivent payer une prime plus élevée, affirme l’association flamande des psychologues cliniciens (VVKP) dans De Morgen mercredi.
Celle-ci donne en exemple un client qui a dû payer une prime plus élevée en raison de son arachnophobie. Le VVKP observe également, au cours des derniers mois, un nombre sensiblement plus élevé de rapports concernant des personnes hospitalisées en psychiatrie et qui ont ensuite des difficultés à contracter une assurance hospitalisation ou doivent payer des primes plus élevées.
La fédération sectorielle des assureurs, Assuralia, affirme cependant qu’elle n’a pas connaissance de cas qui concernent une thérapie avec un psychologue. « Ce n’est le cas que pour les maladies mentales graves telles que la schizophrénie ou la psychose », indique-t-elle.
Le ministre de l’Économie Pierre-Yves Dermagne (PS) veut quant à lui étendre le « droit à l’oubli » -selon lequel les assureurs ne peuvent plus tenir compte de l’historique d’une maladie- à diverses maladies chroniques. « Il est possible que les maladies mentales soient également prises en compte dans ce domaine », ajoute-t-il.
Généralement, on considère la dépression comme quelque chose de problématique, quelque chose à évacuer.
Mais est-ce toujours les cas ?
Je ne vais pas parler aujourd’hui des dépressions sévères et ou mélancolies profondes qui nécessitent des soins spécifiques, des médicaments. J’aimerais plutôt parler de la dépression telle que nous l’avons quasi tous connue : une phase, un passage nécessaire à traverser.
En fait, nous vivons dans un monde où les pressions sont multiples. Nos parents, nos amis, notre conjoint, notre employeur veulent que nous fassions ceci ou cela.
Et ce qu’ils veulent est parfois contradictoire entre eux ou opposé à ce que nous souhaitons nous-même…quand on sait ce que l’on veut.
Dans ce cas, il arrive que nous ayons envie de dire « Laissez-moi tranquille, je jette l’éponge, je ne vous écoute plus, je m’arrête, je pars sur une île déserte, j’ai besoin de savoir ce que moi je veux » .
La dé-pression est alors une manière de stopper les pressions. Un arrêt nécessaire pour faire le point. Parfois avec l’aide de quelqu’un.
Dans d’autres cas, la dépression accompagne un deuil. Nous avons perdu quelqu’un, ou notre travail… C’est la fin d’un amour, un projet tombe à l’eau, un rêve se meurt. Cela n’aurait aucun sens de faire comme si cette perte n’existait pas, comme si elle ne comptait pas pour nous.
Nous avons de bonnes raisons d’être triste, laminé, cassé… déprimé. Alors, faut-il faire bonne figure ? Montrer qu’on a du ressort ? Jouer les « winners » ? Se montrer pimpant ?
Un petit médoc… et hop, c’est passé ? Mais non… Ce serait s’éloigner de soi, se maquiller, se contenter d’un verni de bonne humeur. Craindre d‘être authentique
Parfois, cela vaut la peine d’aller voir comment d’autres cultures envisagent la dépression. Dans son livre « En Patagonie », Bruce Chatwin évoque les métaphores des indiens yaghan. Pour « dépression », ils utilisent le mot qui décrit la phase vulnérable au moment où le crabe se dépouille de sa vielle carcasse… et attend que la nouvelle se forme.Un moment de fragilité.
Cette métaphore, nous aide à accepter, à traverser la dépression, à voir comment elle peut nous faire grandir.
Mais cette métaphore est aussi un mode d’emploi pour l’entourage qui se sent impuissant ou impatient parfois. Inutile de dire « Allez, pousse-toi, relève-toi, va de l’avant… » la métamorphose n’ira pas plus vite. Par contre nous pouvons aider la personne déprimée en prenant soin d’elle, en accompagnant patiemment sa transformation.
J.K Rowlin, auteur des Harry Potter a été insultée et accusée de transphobie pour avoir ironisé : « les personnes qui ont leurs règles ? Je suis sûre qu’il y a un terme pour ces gens. Quelqu’un m’aide ? Feum? Famme? Feemm? ».
Elle s’est fait incendier, mais ajoutait quelques jours plus tard : « J’ai reçu tellement de menaces de mort que je pourrais en tapisser ma maison, mais je ne vais pas cesser de m’exprimer pour autant »
Moi, comme je suis un vieil hétérosexuel blanc (néanmoins déconstruit) mais soucieux de sa quiétude, je m’abstiendrai de poser la question : les humains avec une prostate, il doit bien y avoir un nom pour cela ?
J’ai quand même envie d’évoquer de trois choses :
Tout d’abord, je ne suis nullement intéressé par l’intimité qui se déroule derrière les portes des chambres à coucher et me soucie peu de comment les gens se dénomment. Je veux bien les suivre.
En tant que psychanalyste, je m’en préoccupe seulement quand on vient me voir parce que ça coince, parce que ça fait mal. Et cette souffrance, elle est toujours relationnelle, liée à notre rapport aux autres, à un autre.
J’aimerais parler d’un vieux type qui n’a pas de compte Instagram : Freud. Cet homme nous a expliqué que les humains étaient habités de la bi-sexualité psychique, que nous avons tous en nous une part de féminin et de masculin. L’idée est scandaleuse et difficile à supporter. S’y opposer, en avoir peur est le propre des homophobes (nous on est pas des tapettes), des machos (toutes des salopes), ou de celles qui haïssent les hommes (tous des violeurs). Bref, tous ceux qui n’aiment pas l’idée d’avoir une part d’autre en eux.
Mais Freud n’a fait qu’énoncer un concept. Depuis toujours, les cultures ont fait place à cette bi-sexualité.
Regardons, par exemple, ces hommes Wodaabe filmés par Werner Hertzog, avec en accompagnement musical, le voix du dernier castrat, Alessandro Morèschi, l’ange de Rome. Les anges, j’y reviendrai
Un autre vieux schnock, Lacan, nous parle du Réel. Le Réel, c’est aussi bien la mort que la solidité du pavé sur lequel on se casse la figure. Le Réel, il fait mal, il marque une limite, une frontière, celle entre le possible et l’impossible.
A certains moments, la douleur peut nous faire frôler le réel: la douleur de l’accouchement ou d’une prostate qui bloque la vessie, mais là, nous restons dans le domaine de la subjectivité.
De même, dans le registre de l’imaginaire, je peux m’imaginer enceint et une femme peut rêver d’avoir un pénis, mais à un certain point on en arrive au registre de l’impossible. Pour être trivial : j’ai beau me couper le pénis, mes chromosomes sexuels ne changeront pas. Aucune fluidité pour le Réel !
Mais ce qui est encore plus important avec le Réel, c’est que quand on essaye de le mettre sous le tapis on se casse la gueule dessus, il nous revient en pleine poire. Il ne se laisse JAMAIS évacuer.
D’où mon interrogation : tout l’énergie passée à discuter du sexe des anges, du genre des anges serait-elle liée à notre obstination à ne RIEN vouloir savoir des enjeux environnementaux et climatiques?…
Le Réel du vivant.
C’est un petit garçon. Il a 6 ans. // Il est à côté de la tombe de sa mère – juste un renflement de terre, cette tombe. Son visage – que j’ai flouté – est fermé, muet… Pourtant ce serait bien qu’il puisse parler un jour. Tout comme son père – s’il est vivant – ou son oncle, ou son cousin, l’amie de sa maman…
Comment parler de tout cela ?
Après la guerre 40-45, beaucoup de ceux qui sont revenus de l’horreur sont restés muets, n’ont rien dit de ce qu’ils avaient vécu, ils se sont parfois suicidés …
On a affirmé que ce qu’ils avaient à dire est indicible.
Je ne pense pas qu’il y ait des choses indicibles. Mais il y a parfois des choses irrecevables. Irrecevables parce que celui qui devrait les entendre n’y parvient pas, s’en détourne. Souvent sans le vouloir, d’ailleurs. Car il se sent coupable de ce qu’il n’a pas pu empêcher.
… Ce que nous n’avons pas pu ou voulu empêcher…
Alors, quand on a rencontré l’atrocité, quand on a été déchiré par elle, on a l’impression que l’humanité n’existe pas, que la trahison est là au coin de la rue et peut survenir à tout moment, qu’on ne peut donc faire confiance à personne. A personne, à personne, à personne.
C’est la raison pour laquelle, le premier soin est celui d’aider à retisser des liens. Des liens d’une humanité chaleureuse en sachant que cela prend du temps et en tenant compte de la pudeur… Avant les mots, c’est parfois un geste, un verre d’eau, une promenade, un silence partagé devant une fontaine qui coule. Des choses comme cela qui vont compter, qui vont tisser les liens.
Et plus tard, peuvent venir les mots. Car rien n’est innommable, c’est à nous les humains de parvenir à mettre des mots sur les choses, même quand il s’agit du pire. Sans quoi, ce pire se transforme ombre et ces ombres peuvent se transmettre de génération en génération.
Mais il faut laisser aux mots le temps de trouver leur chemin, se garder de toute curiosité. Parfois, pour exorciser l’horreur, nous voulons la rencontrer, nous laisser fasciner par elle, poser des questions, connaître les détails.
Gardons-nous en.
Freud nous invite au tact. C’est un mot que j’aime bien car il donne une image à notre attitude. C’est notre regard, notre intonation qui peut être la main posée sur un bras. Le tact, se laisser toucher par l’autre.
Alors, quand nous rencontrerons cet enfant nous devrons accepter notre impuissance. Notre impuissance de ne pas arriver à le consoler rapidement et s’il est triste, s’il fait des cauchemars ou s’il est nerveux, nous lui expliquerons que dans des situations similaires d’autres enfants ont éprouvé les mêmes choses, les mêmes sentiments mais qu’avec le temps et l’accompagnement, peu à peu ils se sont sentis mieux.
Un jour peut-être va-t-il dessiner un rectangle et une croix, évitons d’interpréter, il suffit de comprendre ce dont il parle et de dire « C’est dur ce que tu as vécu… Tu peux en parler… quand tu veux »
Peut-être viendra-t-il se blottir dans nos bras ou ira-t-il jouer dans son coin, ou en dira-t-il quelque chose ce jour là… ou quelques semaines, quelques mois plus tard.
N’oublions pas qu’en français « mettre à la question » veut dire torturer, il nous suffit d’être à l’écoute et de savoir que nos oreilles seront blessées le jour où viendra le récit.
Cet enfant, ces enfants, ces femmes et ces hommes, je ne leur souhaite pas de rencontrer un psy, mais juste quelqu’un d’attentif et de chaleureux.
Poutine est mort
Son entourage sous le choc.
Le bureau politique se réunit. Ils sont tous là, la mine sombre. Vous les imaginez, ils sont tous là. Tous avec la même crainte, la même question :
Comment est-ce qu’on va LUI annoncer cela ?
Cette vieille blague Soviétique, on la racontait à propos de Staline. Ces derniers jours j’ai été relire « Le communisme est-il soluble dans l’alcool ». Très drôle. Mais ce qui est nettement moins drôle, c’est de réaliser que toute les plaisanteries qui se racontaient sur Staline, Tito, Ceucescu sont d’une incroyable actualité. Comme si en Russie, rien n’avait changé.
Dans une famille quand il y a eu des choses louches ou graves. Des abus, des malversations… et que ces saloperies sont tues, cachées sous un tapis de roses car, oui, tout va bien Madame la marquise… Alors, il y a de grandes chances que la famille tourne mal, reproduise les saloperies, engendre de la folie. On ne sort de l’horreur qu’en la reconnaissant, en la nommant.
D’où mon interrogation : la sois-disant dénazification de l’Ukraine ne serait-elle pas le déni d’une indispensable déstalinisation de la Russie. Car à côté de la victoire sur Hitler combien de personnes furent-elles massacrées par Staline, combien de familles détruites ? Combien de villages affamés ? Etc…
Silence, passez votre chemin, il n’y a rien à voir.
Serait-ce un hasard si au même moment le Kremlin ferme l’ONG Mémorial ou qu’en Ukraine sont bombardées les archives de Chernihiv qui concernaient notamment la période soviétique.
Alors, quand il faut fermer les yeux et se taire, le risque est grand de sombrer dans la dépression, dans l’autodestruction, la boisson par exemple tant est insupportable le sentiment d’impuissance.
Mais c’est alors que l’humour permet un sursaut.
Car l’humour met la vérité des choses en pleine clarté tout en la masquant en même temps. Et c’est bien cet éclair de lumière qui nous fait jubiler et nous donne envie de partager cette jubilation.
Car l’humour est à la fois intelligence mais aussi partage et crée donc de la sociabilité, de la solidarité. Même au milieu de l’horreur, ce partage joyeux est le meilleur des antidépresseurs.
Dans son texte « Pourquoi la guerre ? » Freud n’est pas très optimiste, mais il termine néanmoins en affirmant que « Tout ce qui œuvre au développement culturel œuvre également contre la guerre ». Voilà pourquoi aujourd’hui le rôle des artistes est à ce point important, ils créent des liens entre les personnes, entre les cultures, entre les générations. Voilà pourquoi aujourd’hui le rôle des humoristes est aussi tellement important car un joyeux trait d’humour circule gratuitement, à toute allure et par delà les frontières. Un court moment, il lève la chape de plomb et montre ainsi, qu’il y a du jeu, du possible.
Emmanuel Macron téléphone au Comité Nobel Norvégien : « On est presque au bout des négociations. Poutine veut le prix Nobel de la Paix. Faites un geste s’il vous plaît, ça ne coûte rien et la guerre sera terminée. »
Cinq minutes plus tard coup de fil de Joe Biden : « Oui, je sais j’ai dit que c’est un boucher et je continue de le penser, mais la diplomatie, c’est la diplomatie. Be cool, donnez lui ce prix et qu’on en finisse avec cette guerre.
Quelques instants plus tard, Xi Jin-ping est au téléphone : Voyez large, donnez-lui ce prix, la guerre sera terminée. De toutes façons, nous, on va bouffer ce pays et calmer le monde.
Le Comité Nobel se réunit, les discussions sont de plus en plus passionnées.
– Et notre honneur, là dedans ! On a jamais eu de telles pressions. On ne va pas se laisser bafouer comme cela !
– Mais la fin de la guerre estdans nos mains
Etc, etc.
Jusqu’au moment où, au bout de la table, le juriste qui compulsait le règlement dit : « Désolé, nos textes sont très clairs. Notre prix concerne les guerres, pas les opérations spéciales »
A vous d’ajouter vos histoires en commentaires.
MAJ du 29/04/23 : Sur Desk Russie, Raimondo Lanza indique que « Comme à l’époque soviétique, le pouvoir russe ne tolère pas l’humour si celui-ci n’est pas conforme à l’idéologie du Kremlin. En s’appuyant sur des lois liberticides, la plus récente ciblant toute « discréditation de l’armée », le régime de Poutine étouffe tout ce qui s’écarte du discours officiel, même s’il s’agit d’ironie. Entre un comédien banni à vie et des citoyens ordinaires poursuivis pour avoir raconté une blague, les Russes vivent dans un régime de plus en plus orwellien. »
Le concours pour la meilleure blague politique est ouvert : le premier prix sera dix ans de prison, cinq ans pour le deuxième et trois ans pour le troisième.