J.K Rowlin, auteur des Harry Potter a été insultée et accusée de transphobie pour avoir ironisé : « les personnes qui ont leurs règles ? Je suis sûre qu’il y a un terme pour ces gens. Quelqu’un m’aide ? Feum? Famme? Feemm? ».
Elle s’est fait incendier, mais ajoutait quelques jours plus tard : « J’ai reçu tellement de menaces de mort que je pourrais en tapisser ma maison, mais je ne vais pas cesser de m’exprimer pour autant »
Moi, comme je suis un vieil hétérosexuel blanc (néanmoins déconstruit) mais soucieux de sa quiétude, je m’abstiendrai de poser la question : les humains avec une prostate, il doit bien y avoir un nom pour cela ?
J’ai quand même envie d’évoquer de trois choses :
Tout d’abord, je ne suis nullement intéressé par l’intimité qui se déroule derrière les portes des chambres à coucher et me soucie peu de comment les gens se dénomment. Je veux bien les suivre.
En tant que psychanalyste, je m’en préoccupe seulement quand on vient me voir parce que ça coince, parce que ça fait mal. Et cette souffrance, elle est toujours relationnelle, liée à notre rapport aux autres, à un autre.
J’aimerais parler d’un vieux type qui n’a pas de compte Instagram : Freud. Cet homme nous a expliqué que les humains étaient habités de la bi-sexualité psychique, que nous avons tous en nous une part de féminin et de masculin. L’idée est scandaleuse et difficile à supporter. S’y opposer, en avoir peur est le propre des homophobes (nous on est pas des tapettes), des machos (toutes des salopes), ou de celles qui haïssent les hommes (tous des violeurs). Bref, tous ceux qui n’aiment pas l’idée d’avoir une part d’autre en eux.
Mais Freud n’a fait qu’énoncer un concept. Depuis toujours, les cultures ont fait place à cette bi-sexualité.
Regardons, par exemple, ces hommes Wodaabe filmés par Werner Hertzog, avec en accompagnement musical, le voix du dernier castrat, Alessandro Morèschi, l’ange de Rome. Les anges, j’y reviendrai
Un autre vieux schnock, Lacan, nous parle du Réel. Le Réel, c’est aussi bien la mort que la solidité du pavé sur lequel on se casse la figure. Le Réel, il fait mal, il marque une limite, une frontière, celle entre le possible et l’impossible.
A certains moments, la douleur peut nous faire frôler le réel: la douleur de l’accouchement ou d’une prostate qui bloque la vessie, mais là, nous restons dans le domaine de la subjectivité.
De même, dans le registre de l’imaginaire, je peux m’imaginer enceint et une femme peut rêver d’avoir un pénis, mais à un certain point on en arrive au registre de l’impossible. Pour être trivial : j’ai beau me couper le pénis, mes chromosomes sexuels ne changeront pas. Aucune fluidité pour le Réel !
Mais ce qui est encore plus important avec le Réel, c’est que quand on essaye de le mettre sous le tapis on se casse la gueule dessus, il nous revient en pleine poire. Il ne se laisse JAMAIS évacuer.
D’où mon interrogation : tout l’énergie passée à discuter du sexe des anges, du genre des anges serait-elle liée à notre obstination à ne RIEN vouloir savoir des enjeux environnementaux et climatiques?…
Le Réel du vivant.
Mais encore : J.K. Rowling Writes about Her Reasons for Speaking out on Sex and Gender Issues