Vous vous souvenez du moment où la Belle au bois dormant est réveillée d’un baiser ? Eh bien sachez que les néoféministes voient dans le Prince charmant un infâme prédateur embrassant une jeune femme sans qu’elle y consente.
[GENERIQUE]
Cette scène, le baiser du prince charmant, serait donc à proscrire car elle symboliserait la culture du viol.
Commençons par revoir la scène :
[Extrait]
Le moins qu’on puisse dire c’est que le baiser est chaste et la princesse semble bien peu violentée.
Rien à faire, si vous n’êtes pas choqué par la scène, c’est que vous n’avez encore rien compris à la violence systémique qui circule dans la culture et mène au féminicide.
Soit…
Réfléchissons un moment à la fonction des contes qui se transmettent de génération en génération. Bien sûr on pourrait dire qu’ils visent à apprendre aux enfants les dangers qui les entourent : celui de se perdre dans les bois, de tomber sur une mère grand qui se révèle être un loup, d’avoir une belle-mêre qui les défavorise au profit de ses propres enfants, etc.
Mais à un autre niveau, les contes permettent aux enfants d’élaborer les questions qui les habitent. Et là ce qui s’avère le plus intéressant c’est justement de laisser aux enfants le soin d’interpréter eux-mêmes le conte. Un peu comme un rêve, toutes les interprétations se valent et parlent plus de l’interprète que du contenu manifeste du conte.
Ainsi, les contes, les sorcières, le ogres, les fées… parlent de toutes les difficultés, obstacles, souffrances, rencontres maléfiques mais également heureuses qui attendent les jeunes adultes, les jeunes amants.
Vous voulez une autre interprétation de cette scène du baiser ? La rencontre amoureuse avec l’autre symbolise l’éveil à la sexualité, la sortie de ce que l’on appelle la période de latence, ce moment de l’enfance durant lequel la libido, la pulsion sexuelle est des plus calmes, est endormie.
[ Oui mais le prince c’est quand même un homme ! ]
D’accord, c’est un homme.
Si l’on plonge dans la mythologie on retrouve de très nombreuses versions de cette histoire, y compris des viols – je vais y revenir. Si on prend la variante de Cupidon et psyché, c’est Psyché qui surprend Cupidon dans son sommeil. Cupidon, Eros, le dieu de l’amour… , et c’est Psyché qui, comme le prince, s’émerveille de cette beauté à portée de lèvres.
Ce qui est donc vraiment dommage dans cette polémique autour de la belle au bois dormant, c’est d’imposer une interprétation unique à une scène plutôt que de laisser l’imaginaire fonctionner au gré de chacun, au fil du temps, de manière… fluide
Alors, réfléchissons un moment: pourquoi cette polémique apparaît-elle aujourd’hui? [préparez vos tomates pourries]
Nous sommes à un moment où la question des violences faites aux femmes est, à juste titre, au devant de la scène, mais parfois source de grandes confusions.
Or dans la sexualité avec un homme.
[ Il n’y a pas que ca ! ]
Merci, je sais…
Je disais donc: Dans l’hétérosexualité la femme doit résoudre un paradoxe : pour éprouver du plaisir, elle doit accepter la pénétration d’un corps étranger en elle, une effraction qui de plus, va la faire saigner la première fois.
Certes nous pouvons attendre du garçon qu’il soit tendre et précautionneux et que la princesse s’ouvre à l’amour, il n’en reste pas moins qu’une violence symbolique s’exerce. Et cela, est bien difficile à supporter par les temps qui courent où tout doit être blanc ou noir, dominant ou dominé.
Tiens, à ce propos, comment comprenez-vous que parallèlement à la monté de #Metoo, les jeunes adolescentes se précipitent sur la dark romance, l’attrait pour les bad boys ?
Pour en mesurer l’ampleur, je vous suggère d’aller faire un petit tour sur TikTok.
Alors, la dark romance représenterait-elle d’indispensables contes pour les adolescentes d’aujourd’hui ?
Ou un fuck adressé à leur mères neoféministes ?
Vous en pensez quoi ?