Procrastiner, c’est ne pas décider. Or dans la vie, il faut choisir et donc décider. Mais l’avenir est plein d’inconnues, donc d’angoisses.
Nous sommes tous inquiets devant l’inconnu, habités de nos désirs (sont-ils légitimes?) et pressés par les attentes de ceux qui nous entourent : nos parents, notre conjoint, notre patron, etc. Arriver à faire le tri et à choisir ce que l’on veut faire de sa vie – quitte à déplaire, c’est nécessaire.
Arriver à déterminer ses priorités c’est également nécessaire, car malheureusement nous n’avons qu’une vie et nous ne pouvons donc pas tout faire.
Pour cela, on pèse le pour et le contre, on examine ce qui est important et ce qui l’est moins et ensuite on tranche.
Celui qui procrastine ne se contente pas d’une bonne solution, il cherche LA meilleure solution, celle qui ne comporte aucun inconvénient. Et bien sûr, elle n’existe pas car toute décision a ses inconvénients.
Donc, celui qui procrastine attend, cherche, réfléchit, réfléchit encore… On ne pourra jamais lui reprocher d’être très très attentif… Une attention qui, en fait, a pour fonction d’estomper l’angoisse… Mais pendant ce temps là, notre procrastinateur oublie que ne pas décider, c’est décider : c’est laisser les autres ou les événements décider à notre place. ET ça, c’est vraiment dommage…
Le procrastinateur a un frère, celui qui veut tout faire… Donc il fait tout à moitié c’est à dire qu’il ne fait rien car lui non plus n’arrive pas à choisir. Il aura toujours la bonne excuse de dire qu’il aurait pu VRAIMENT faire ceci ou cela. Effectivement, il aurait pu mais il aurait fallu choisir entre ceci et cela.
Ah choisir, Ah décider…
Le 10 janvier 49 avant notre ère, Jules César hésite à marcher sur Rome. Il s’arrête devant le Rubicon, le fleuve qui marque la frontière de l’Italie de l’époque. Il hésite, il réfléchit, interpelle ses soldats : «Mes Soldats, mes braves, il est encore temps de faire demi tour car une fois passé ce pont il sera trop tard ». Lui aussi, il est face à son angoisse
Finalement, il tranche « En avant, ! Alea Jacta est ! ». Son interjection qui veut dire « Le sort en est jeté » rappelle que dans toute décision, il y a toujours une part de hasard, une part qui ne pourra être maîtrisée.
Plutôt que de lambiner sur la berge, malgré les interdits du sénat romain, les difficultés qui l’attendent, il franchit le Rubicon. Non pas de manière aveugle, non pas en jouant à pile ou face, mais après avoir mûrement réfléchi.
La route sera longue, il lui faudra encore quatre ans, plusieurs batailles avant de devenir maître de Rome…. Car quand il s’agit de choisir, il s’agit aussi de forger son choix.